Combattre l’extrême-droite, en France comme en Suisse!
Une Convergence des droites dures et extrêmes
Le plus célèbre non-candidat à l’élection présidentielle française, Éric Zemmour, vient à Genève. L’avocat Marc Bonnant lui sert de faire-valoir dans le cadre d’une soirée organisée par Convergences. Cette entité n’en est pas à son coup d’essai. Zemmour est intervenu, devant un public trié sur le volet, à trois «dîners-débats de qualité» (en 2014, 2016 et 2018!) La qualité de quelques autres intervenant·e·s de ces soirées est à l’avenant. Parmi eux, le candidat malheureux de la droite François Fillon et Bruno Le Maire en 2015, le nostalgique de la royauté Philippe de Villiers en 2018, la très catholique Roselyne Bachelot en 2012 et 2013 ou encore le controversé criminologue Alain Bauer, un homme qui a l’oreille des gouvernements français en matière de répression. Cette association ne se limite certes pas aux réactionnaires, mais elle fait converger à Genève des figures significatives de la droite et de l’extrême droite française, assurant la diffusion de leurs idées en Suisse francophone.
L’éloquence cynique et réactionnaire comme porte-voix
Marc Bonnant – avocat de milliardaires, administrateur de plusieurs dizaines de sociétés offshore ainsi que l’ont révélé les Panama Papers – s’est fait à plusieurs reprises l’interlocuteur de celui qu’il décrit comme son ami. La faconde vieille France du juriste réactionnaire se combine bien aux idées rances du prétendu publiciste et historien de génie Éric Zemmour. Cet assemblage surprendra seulement ceux qui, tout en faisant mine de s’en distancier, clament leur admiration pour la rhétorique précieuse du premier ou la prétendue «hauteur de vue» du second. Pourtant, on réalise sans effort que le mépris de classe et l’éloge des «grands hommes», le sexisme assumé de ces deux individus convergent en une même volonté de détruire les conquêtes démocratiques et sociales des deux derniers siècles. Bonnant et Zemmour haïssent l’égalité et la démocratie, ils participent à un combat pour la désémancipation. Cette période de crises est propice à la réaffirmation des privilèges et du pouvoir du mâle, du suprémaciste blanc ou encore du bourgeois. La rhétorique la plus fleurie et les bobards historiques ne dissimulent guère un langage de guerre civile.
Un indécent monde à l’envers
Il faut rejeter les appels visant à interdire à Zemmour de s’exprimer publiquement. Dans un contexte de restrictions des libertés publiques (les nouvelles «mesures policières contre le terrorisme» constituent l’un des derniers exemples en date), il est indispensable de rappeler que les libertés d’expression, de réunion et d’association sont au cœur d’une société démocratique. De plus, nombreux sont les précédents d’interdictions retournées ensuite contre les mouvements sociaux ou les idées subversives. Affirmer cela implique dans un même mouvement de combattre une représentation falsifiée concoctée par les partisans de la venue d’Éric Zemmour. Voltaire et le Refuge protestant sont convoqués à cet effet: la liberté d’expression serait en danger. Une même contrefaçon idéologique est à l’œuvre qui associe l’opposition aux mesures sanitaires à la lutte contre les discriminations. Le silence des sonneurs de cloche contre le racisme et le sexisme, les inégalités sociales, soit un ensemble de réelles discriminations, est assourdissant. Dans les deux cas, c’est un renversement de la réalité. Faire de Zemmour, construit par les médias pendant une quinzaine d’années et dont les idées tiennent le haut du pavé, un dissident persécuté est tout autant indécent.
Zemmour: «La Suisse est un modèle pour moi»
Ce médiocre publiciste construit un infâme mensonge: Pétain comme sauveur des Juifs de France. Cette ignominie peut être mise en relation avec le mutisme intéressé qui entoure en Suisse l’anniversaire de la publication, il y a 20 ans, du Rapport Bergier. Remettre en selle le régime de Vichy doit satisfaire ceux qui, ici, veulent oublier les relations entre le business helvétique et le IIIe Reich. L’engouement d’une partie des élites d’alors devant certaines solutions autoritaires du sud de l’Europe écorne l’image de la libre et démocratique Helvétie. Au milieu des années 1930, le futur général Guisan exprimait après tout ouvertement son admiration de Mussolini. Les braises sur lesquelles souffle Zemmour n’ont pas de frontières.
Cet «invité de qualité» ne dissimule pas son admiration de la Suisse: n’est-ce pas ici que le «souverain» a décidé d’interdire, en 2009, la construction de minarets? Celui qui a affirmé que «tout mineur [étranger] isolé est un délinquant en puissance qui vient en France pour commettre des exactions» est aux anges lorsqu’il évoque la votation, en 2014, «contre l’immigration de masse». La «maîtrise des flux migratoires» et le combat contre «l’islam» sont deux dimensions clé de son projet. Ce misogyne assumé est tout aussi à l’aise dans le pays où les femmes ont, il y a tout juste un demi-siècle, obtenu le droit de vote. Le «modèle économique» suisse, un pays qui est rangé par l’OIT à proximité de régimes autoritaires en raison de son non-respect de la liberté syndicale, est un autre motif d’enchantement pour le non-candidat.
Combattre l’extrême droite, partout!
L’admiration que Zemmour porte à la Suisse s’arrête devant les mouvements féministes et écologistes, devant le souvenir des dissidents d’hier et l’action de ceux et celles d’aujourd’hui, de ceux et celles qui ont aidé les «indésirables» juifs à franchir la frontière hier ou défendent aujourd’hui les exilé·e·s. Celui qui se targue d’être l’interprète d’un peuple mythifié méprise en réalité ceux et celles qui, chaque jour, par leur travail – postiers, infirmières, mécanicien·nes, nettoyeuses, caissières, … – font tourner la société et dont une importante proportion, ici comme en France, n’est pas née dans le pays (on oublie facilement qu’un quart de la population majeure suisse est privée des droits politiques).
Ici comme en France, comme partout dans le monde, reprenons le vieux slogan des juifs et des socialistes de Pologne: pour nos libertés et pour les vôtres! Combattons la progression de l’extrême droite dont Zemmour n’est qu’une piteuse figure, l’autoritarisme qui en fait le lit ainsi que toutes les attaques antisociales et antidémocratiques. – 24 novembre 2021
__________________________________________________________________________
Elaboré conjointement par :
Mouvement pour le Socialisme

Contact: mps@socialisme.ch – Bientôt sur le site : www.socialisme.ch
Cercle de débats Rosa Luxemburg
Contact: cerclerosaluxemburg@hotmail.com – Facebook: cerclerosaluxemburg